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4/10/2008 Mines d'Ivry en Montagne Récits d'une première exploration par Laurent Garnier
L'eau est claire, limpide, la roche noire, striée de bandes blanches et de tâches roses reflètent timidement la lumière des lampes de mon casque. 80 m de fil blanc, annonce l'étiquette. Mes manomètres me font signe de faire demi-tour, je préviens François….. 30 mn après notre immersion, nous refaisons surface….
Que du bonheur !!


Ces petites expéditions à Ivry deviennent désormais routinières. Le confort d'exploration que nous avons développé autour de ce puits d'extraction est vraiment appréciable.
La première palanquée descend dans la plus pure tradition spéléologique les 17 m qui nous séparent du niveau de l'eau. Chacun d'entre eux est suivi immédiatement de ses blocs treuillés par l'équipe de surface, sans oublier le matériel cinématographique car c'est le but principal de cette journée.


Une petite heure après leur immersion, nos 4 compères font surface dans une eau verte, chargée de particules en suspension.
Le treuil, Testé en charge depuis bien longtemps, tourne à plein régime pour remonter tout ce petit monde, en commençant par les s plus lourds (+ de 100 kg).
Ce travail accompli, la 2ème palanquée se prépare sans hâte mais avec précision.
Le descendeur bien crocheté, nous descendons dans ce puits d'extraction fait de pierres sèches. Au passage, à mi-chemin, nous croisons les 2 cabines suspendues à leur câble désormais bien meurtris par le temps. L'eau ruisselle légèrement. Seuls les frottements saccadés de nos palmes sur les parois troublent la quiétude des lieux.
La mise à l'eau se fait en douceur.


L'échelle dont la tête sort de 3 barreaux nous sert de seul point d'équilibre car la corde tendue précédemment au niveau de l'eau est désormais perchée à 1.5 m. Une souris, bien mal en point, tente désespérément de monter dans mon casque. Les vaguelettes que je fait en m'équipant déchiquettent les restes de cette pauvre bête trempée jusqu'aux os (ce n'est pas une métaphore…..).


Sans précipitations, nous pénétrons dans un autre univers. J'aime cet instant où tous les repères habituels disparaissent. Contrairement à mon précédent passage en ces lieux, la turpitude de l'eau m'effraie beaucoup moins. Je fais corps avec le fil rouge le temps que mon appréhension s'estompe et que l'eau s'éclaircisse quelque peu.
Quelques mètres plus bas, la limpidité de l'eau revient avec l'apparition du plafond des galeries. Je vois François quelques mètres devant en quête de quelques babioles laissées à l'abandon. Le voici de retour avec une superbe Aras qui fait immédiatement surgir les souvenirs de mes débuts de spéléologues : fort de mes 11 ans, je me trimbalais fièrement ce générateur d'acétylène exagérément volumineux et lourd pour mes trop brèves excursions souterraines.


Il est temps de quitter le fil rouge pour le blanc et de parcourir cette galerie balisée. Sur les traces des mineurs, nous cheminons tranquillement sans perdre une miette du spectacle que nous offre cette plongée. Tout d'abord impressionné par le volume des galeries que nos gros phares ne peuvent éclairer entièrement, nous voyageons au-dessus des quelques installations encore en place : les rails quelque peu rouillés sont ponctués de plate-formes de rotation pour diriger les chariots vers les différents départs de galerie, les ampoules encore en place semblent attendre une légère poussée sur l'interrupteur depuis trop longtemps ouvert.


Des quantités impressionnantes de déblais sont entassées le long des volumineux piliers de soutènement. La puissance des phares nous permet de voir clairement la beauté du paysage et des parois noires, taillées de mains d'hommes, marbrées de blanc et rose. Le fil blanc étiqueté bleu s'estompe dans cette galerie sombre comme une nuit sans étoile.
80 m. Un rapide coup d'œil aux alentours et sur mes manos qui me disent : " Fais demi-tour, bip… Fais demi-tour….bip….bip….bip ". Je suis bien, léger, et à mon grand regret, j'interpelle François. Bip !!! Comme dans un rêve, nous faisons demi-tour. Planant entre 2 eaux, j'imagine les mineurs attelés à leur dure tâche, évoluant comme des mécaniques bien huilées.


Le retour se passe sans encontre avec une seule idée en tête : trouver les 2 wagonnets.
Sans quitter le fil, je fais demi-tour suivi de mon " Ange Gardien " qui scrute le moindre de mes gestes. Les sens aiguisés par la curiosité, j'observe le moindre recoin pour continuer à m'en " mettre plein les yeux ". Des galeries de droite et de gauche dont on ne distingue pas le fond m'appellent inexorablement vers le chemin que trace le gypse blanc, fibreux en bancs fin et le saccharoïde rose qui contrastent avec les argiles d'un noir profond.


Je cherche toujours assidûment les wagonnets qui se trouvent près du puits. A l'approche de ce dernier, la turpitude de l'eau réduit à néant tous mes espoirs. Je me console en regardant quelques volutes de gypses roses sculptées par l'eau.
Quittant le fil blanc pour le rouge, nous amorçons une lente remontée dans un dédale de poutres, d'échelles et de divers matériaux inextricablement enchevêtrer. La faible visibilité des lieux ne nous permet pas d'appréhender totalement l'état de tous ces déchets tombés du haut.


30 mn après cette magnifique plongée, nous mettons la tête hors de l'eau. La 1ère palanquée, devenue soutien de surface, prend en charge notre matériel et nous hèle hors de la cavité.
Quel confort ce treuil, quel délice de s'abandonner à la paresse durant quelques secondes après une si belle plongée.
La " cocasserie " de nos entrées et sorties treuillées et palmées n'a d'égale que nos sourires béats d'enfants satisfaits.

Laurent

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